La Horde et son incubateur : le parcours inspirant de Denis Pecontal

Découvrez le nouvel incubateur de La Horde à travers le témoignage de Denis Pécontal. Il a été conçu spécialement pour nos étudiants et alumnis afin de leur offrir un tremplin pour présenter leurs projets innovants au grand public.

Je m’appelle Denis Pécontal, et je suis développeur indépendant et j’interviens régulièrement auprès de la Horde pour assurer un soutien scolaire auprès des élèves.

J’ai un parcours peu conventionnel. Après un bac technologique j’ai intégré une école d’ingénieur publique cependant, l’informatique étant peu présente dans le cursus et l’ambiance très compétitive, j’ai décidé de quitter ma formation pour revenir à mes fondamentaux qui sont le jeu vidéo et la création artistique en général.

Il s’en est suivi une année et demie durant laquelle avec mon meilleur ami nous avons développé un prototype de jeu en réalité virtuelle.

Suite à cela, j’ai rejoint une formation de développeur web durant laquelle j’ai obtenu un titre professionnel équivalent à un bac+2. Une fois ce diplôme obtenu, j’ai intégré la Horde en 3ème année et validé en un an mon Bachelor de développeur de jeux vidéo. Deux semaines plus tard je décrochais mon premier CDI en tant que programmeur gameplay.

Malheureusement le studio pour lequel je travaillais a rapidement fait faillite. Suite à cette expérience décevante, je me suis replongé dans le développement de mon propre jeu tout en multipliant les interventions à la Horde.

Lorsque j’ai fait part de mon projet de jeu / création de studio à l’équipe de La Horde, le directeur de l’école m’a proposé d’intégrer l’incubateur de l’école qu’il venait de mettre en place. Ça me semblait la suite logique de mes études et ayant finalement toujours gardé un pied à la Horde, c’était pour moi le prolongement de notre collaboration actuelle.

Lors de la discussion concernant l’accompagnement que pouvait m’apporter l’incubateur, la question financière est bien évidemment ressortie. Développer un jeu vidéo c’est long, très long. Pour mener à bien ce genre de projet, c’est important de pouvoir tenir sur la durée, et c’est là que David m’a proposé d’ajouter aux heures de cours que je donnais déjà des missions d’assistant pédagogique afin de m’assurer un revenu suffisant pour continuer le développement sans subir de pression financière.

Mon projet s’appelle Falling Neon, c’est un jeu de parcours gravitationnel multijoueur compétitif dans lequel le joueur peut changer sa gravité en tirant sur les surfaces autour de lui, le but est de se laisser « tomber » dans la direction souhaitée et de négocier des trajectoires complexes en changeant de gravité pendant sa chute ou en se laissant glisser sur les parois et sols.

L’inspiration vient des jeux de tir à la première personne type « fast FPS » mais nous voulions y privilégier l’agilité et la finesse des déplacements à la violence réductrice des armes qui sont déjà sur-représentées à notre goût dans le paysage vidéoludique.

Ici, pour terrasser un adversaire, il faut user de stratégies et de réflexes pour réussir à le percuter à pleine vitesse dans votre chute. L’ensemble se déroule dans un multivers coloré éloigné de toute réalité connue, où nous incarnons un Argonaute, un être fait de pierre voyageant entre les réalités et se livrant à des joutes.

Je gère tout ce qui touche à la programmation sur ce jeu et mes amis m’accompagnent sur des aspects tels que le Graphisme ou encore le Game et Level Design.

Récemment, nous avons passé une étape importante en présentant notre première démo. Je reviendrai dessus plus tard mais cet évènement et la rétrospective de l’année de développement qui l’a précédé nous a récemment permis d’orienter notre vision de comment nous allions réussir à faire connaître notre jeu auprès du grand public.

Concrètement pour ce qui est du développement, le fait d’avoir un accompagnement ponctué d’évènements et de dates clefs nous permet d’identifier et de prioriser les aspects essentiels du jeu afin de livrer celui-ci rapidement avec un planning clair des évolutions à venir.

Cela devrait permettre au joueur de commencer à se familiariser avec le système de déplacement du jeu pendant que nous développons sa composante multijoueur. En livrant les contenus au fur et à mesure on pourra ainsi bénéficier de premiers retours sur notre jeu pendant son développement.

La Horde étant en lien avec de nombreux acteurs de l’écosystème du jeu vidéo bordelais, faire partie de l’incubateur m’offre une passerelle vers le milieu de l’édition, de l’évènementiel ou encore de partenaires publiques susceptibles de promouvoir ou participer au financement du projet. De plus cela peut sembler trivial, mais la possibilité d’utiliser les locaux afin de tenir les réunions concernant le projet possiblement ailleurs que dans mon appartement personnel est aussi un vrai plus au quotidien.

Enfin, La Horde dispose aussi d’un certain nombre de ressources matérielles permettant d’expérimenter de nouvelles techniques de production ainsi que d’un serveur qui peut permettre de développer et tester l’architecture multijoueur du jeu et la gestion des ressources dans des conditions proches du réel.

Comme mentionné précédemment, nous avons récemment présenté une démo de notre jeu. C’était lors du dernier salon Animasia à Bordeaux. Nous avons pu présenter cette dernière lors de l’évènement au stand de la Horde. Cela nous a permis de récolter de nombreux retours de joueurs et de comprendre les éléments à améliorer sur notre jeu. La prochaine étape serait de mettre en place une compétition de speedrun en live avec le bureau des étudiants pour annoncer la sortie d’un premier « client » du jeu, c’est à dire une version capable de se mettre à jour et de délivrer le contenu au fur et à mesure où nous l’intégrerons.

J’espère réussir à mettre en place un début de communauté ainsi qu’un modèle économique me permettant de créer le studio et de commencer à rémunérer les personnes qui m’apportent leur aide et leur soutien sur ce projet. A vrai dire avec ces deux choses le développement du projet serait considérablement accéléré. Pour ce qui est de la suite, on est confiant du potentiel de Falling Neon à créer un effet boule de neige et on a déjà des idées pour le jeu suivant 😉

Sur le long terme on aimerait arriver à une indépendance créatrice totale, utiliser les revenus de Falling Neon pour financer la création de contenus ainsi que le développement de nos prochains jeux.

En considérant que le jeu vidéo est un art total, on voudrait mettre en place du mécénat d’artistes en réalisant des collaborations entre des compositeurs, peintres, architectes, animateurs, stylistes…afin de donner au jeu une dimension « galerie d’art virtuelle ». Je pense sincèrement que la coopération apporte plus de résultats et créer ce type de passerelles entre les arts permet d’en augmenter l’impact positif sur la société.

Le premier conseil que je donnerais serait d’arriver déjà avec une idée claire de son projet. Il s’est écoulé des années entre le moment où j’ai eu l’idée de Falling Neon et le moment où je me suis décidé que j’irais jusqu’au bout de ce projet. Il a fallu acquérir de l’expérience et affiner le concept. C’est en ayant la certitude que je mènerai ce projet jusqu’au bout que j’ai rejoint l’incubateur.

Deuxièmement il est important à mon avis d’avoir déjà des demandes claires quant aux besoins du projet afin de définir un projet d’accompagnement clair.

Enfin, je pense qu’il ne faut pas hésiter à se montrer force de proposition, il y a beaucoup de petites choses qui peuvent aider sur un projet et on ne soupçonne pas forcément que l’on se trouve à quelques poignées de main de la solution.